C’était un jour de pluie, c’était un jour d’automne
Une journée où l’on a envie que les cloches sonnent
Pour réveiller la vie, pour éclaircir le temps
Afin que les passants puissent chanter d’temps en temps
Tous debouts sur la place, dans ce petit village
Mes potes et moi nous sentions vraiment d’un autre âge
Y avait si peu de bruit, que le flip flap des gouttes
Qu’on s’mettaient à r’gretter le bruit des autoroutes
On avait tel’ment mal, et aux jambes et aux pieds
D’être obligés d’rester là et d’pas pouvoir bouger
On étaient silencieux, on n’avait rien à dire
C’était un d’ces moments où on n’peut rien se dire
Parce qu’on sait, parce qu’on sent qu’il va s’passer des choses
Parce qu’on n’osent pas dire non à c’que les vieux proposent.
C’qu’ils avaient réclamé, c’était de faire silence
Pendant qu’on s’demandait, nous tous : « mais qu’est-ce qu’ils pensent
De la panne maudite de notre vieux tacot
Qui nous avait plantée dans ce petit hameau ?
On s’étaient retrouvés tous là comme des cons
A siroter une fine et une tarte à l’oignon
En s’disant « c’est pas vrai mais qu’est-ce qu’on a pu faire
Pour atterrir ici et n’avoir rien à faire ? »
Alors, on est rentré on en avaient plein l’dos
Trois jours qu’on étaient là, la tête un peu dans l’seau
Sachant pas où aller, n’avoir que l’choix d’attendre
Que le garagiste du coin veuille bien nous entendre !
Alors on a chanté d’vant la porte du café
Ca sentait fort la pluie et puis la terre mouillée
On regardait dans l’vague, on pouvait pas savoir
Que l’meilleur allait v’nir mais qu’c’était pas à boire.
Et il est apparu, grandiose, un peu palôt
Fallait bien qu’y se réveille mais c’était un peu tôt
Un arc de cercle tout bête ressemblant à un pont
Pouvant nous m’ner tout droit à l‘illumination
Un arc coloré et météorologique
Qui n’était finalement qu’une illusion d’optique
Ni prodige, ni merveille mais paré de milles feux
Les couleurs d’l’arc en ciel venaient d’naître dans les cieux
Rayons majestueux s’arc-boutant tout seuls
Comm’si Dieu en personne les avait cloué au sol
Y avait bien six couleurs, mais ça tout le monde le sait
Mais c’que vous savez pas, c’est que, quand il paraît
Il fait naître le bonheur dans les yeux des enfants
Et redonne l’espoir, partout, même aux plus grands
Premier rayon violet en partant d’ l’intérieur
Couleur de l’équilibre, celle préférée d’ma sœur
Mélange de deux couleurs : le rouge et le bleu
Couleur indéfinie et celle des demi-Dieux
Deuxième rayon le bleu comme le ciel et comme l’air
Couleur immatérielle des océans des mers
Dans laquelle on se noie dans laquelle on se perd
Jusqu’à ne plus savoir pourquoi on est sur terre
Troisième rayon le vert du printemps, de l’histoire
D’la renaissance d’la vie et couleur de l’espoir
Tant que mont’ra la sève, la vie existera
Et rien d’autre ne sera plus important que ça
Et puis, le quatrième, le jaune, si lumineux
Celui que j’vois briller constamment dans les yeux
De ceux qui aiment la vie et toute ses richesses
Et qui le distribuent pour combler les sècheresses
L’orange est le cinquième, celui qui ne dure pas
Etat intermédiaire qui fait sauter le pas
Entre le jaune et l’rouge parce que le rouge attire
Autant la femme que l’homme qui n’sont plus que désir
Rouge feu, rouge sang, couleur de l’animal
Que chacun porte en soi quand il va très très mal
Mais qui finalement nous pousse à avancer
Parc’qu’on s’retrouve alors dans la dernière tranchée
C’était la sixième, celle de tous les interdits
Celle qu’il faut apprendre à régir dans notre vie
Parce qu’à force de vouloir être héros ou sorcier
On finit par tomber et se casser le nez
Elle est à l’extérieur, c’est quand même pas pour rien
C’est comme un escalier qu’on voudrait t’nir pour sien
Qui mont’rai dans les cieux pour y rejoindre Dieu
Alors qu’on est en bas et que c’est sans doute mieux.
C’est c’que nous ont appris ces braves paysans
Qui nous ont accueillis, comme ça, gentiment
Sans rien nous reprocher, ni nos mots de verlan
Pas plus que nos cheveux coupés à la chébran
Le quatrième jour finit par apparaître
Mais en même temps que lui disparut notre mal-être
Parce qu’on venait d’apprendre que la vie ça s’apprends
Autant à la campagne qu’à la ville…
Alors, va, et suis le vent…
Quand au bout du chemin tu le rencontreras
L’arc en ciel de ta vie, tu le dessineras
Et il te mènera bien plus loin que tes pas
Auraient pu t’emmener… s’il n’existait pas.link